février 9, 2017
Appel à communication : séminaire 2017
« Les inégalités sociales de santé : de quoi parle-t-on ? Comment intervenir ensemble ? Quelles limites ? »
Séminaire de l’association, 20 mai 2017, Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord
En dépit des progrès de la médecine, en matière de droit des malades et d’action politique, il persiste en France de très fortes inégalités de santé. Depuis une quinzaine d’années, les disparités sociales face à la prévention de la maladie, au handicap et à la mort ont même tendance à s’accentuer. Comment comprendre cette situation alors qu’en France, l’égalité est un principe fondamental et fortement mis en avant, et que nombre d’acteurs se sont mobilisés pour réfléchir et tentent d’agir sur les inégalités sociales de santé, ISS ? Et pourquoi ce champ reste-t-il peu connu du « grand public », mais aussi d’un grand nombre de professionnels de santé et de responsables politiques ?
La complexité de la problématique des inégalités sociales de santé questionne à la fois les savoirs, les appréhensions et les actions de coopération entre chercheurs, professionnels de santé et d’autres acteurs dans ce champ.
En matière d’action, selon l’INPES, intervenir sur les ISS nécessite des partenariats complexes, car les déterminations de l’état de santé sont elles-mêmes complexes et dépassent de loin le seul accès à la médecine. En effet, ces déterminants se situent aussi au niveau des conditions et des habitudes de vie en lien avec le milieu social d’origine, le parcours scolaire et professionnel, le soutien social, etc. Selon l’OMS-Europe, pour agir sur « les causes des causes », la priorité serait « d’aplanir » les inégalités de part et d’autre du « gradient social de santé » exprimant la variation de l’état de santé en fonction du statut socio-économique, et de soutenir les populations les plus vulnérables. Ainsi, les ISS se réduisent dans des pays où des politiques globales et coordonnées favorisent l’articulation entre le social et le sanitaire, l’accès équitable à l’instruction, à l’emploi, au logement et à un revenu décent, à une protection sociale intégrale.
Lors de notre séminaire, nous proposons de multiplier les regards pour débattre de cette problématique de société qui interroge l’appréhension, la production et la diffusion des savoirs pratiques et théoriques, les modes d’intervention collaborative, l’engagement et l’action politiques, la place des professionnels, des malades et de leurs proches ou des bénévoles.
Deux axes seront privilégiés :
1. Quelle(s) appréhension(s) et appropriations des ISS par les différents acteurs ?
Les difficultés à appréhender les ISS semblent concerner tant les chercheurs en sciences humaines que les professionnels de santé dans leur production, diffusion ou partage des savoirs pratiques et théoriques, les collaborations entre les différents acteurs.
- De quelles manières les professionnels, les politiques et les chercheurs appréhendent-ils et s’approprient-ils la dimension « sociale » des inégalités de santé ? Quels sont les écueils rencontrés dans les sciences humaines, dans la santé comme dans les milieux associatifs ?
- Quelles sont les difficultés dans les échanges et la transmission de savoirs entre professionnels de la santé et du social, des chercheurs (incluant les agents publics territoriaux délégués au logement, éducation, enfance, emploi…) ? Et pourquoi la plupart des professionnels de santé, confrontés aussi à des situations complexes, tendent-ils à réduire la perception des ISS à la précarité ou des « mauvaises habitudes » de vie des usagers ?
- Enfin, comment expliquer que la prise en charge de la santé des personnes les plus touchées par les ISS soit réalisée dans des espaces peu visibles, peu (re)connus, comme les Permanences d’Accès aux Soins de Santé (PASS), les équipes mobiles de précarité ou les centres médico psychologiques, reléguée aux organismes caritatifs ?
2. Comment agir ensemble sur les ISS et quelles limites aux actions ?
Les actions sur les ISS dépassent de loin la seule intervention des soignants et la qualité du système de soins. En effet, connaître les causes des inégalités « ne veut rien dire sur comment intervenir sur les causes » (L. Potvin, Université de Montréal).
- Comment agissent des acteurs du soin, du social ou de la recherche pour prendre en compte, dans leurs pratiques concrètes, les disparités de l’état général de santé ? Quels partenariats et réseaux ? Quelles écoute, stratégies préventives et/ou thérapeutiques ?
- Pourquoi, malgré tout, un grand nombre d’actions et de services ne parviennent-ils pas aux populations qui en ont besoin dont les parcours de soins sont à la fois « longs, très coûteux et très discriminants » (Collectif Interassociatif Sur la Santé, Santé, l’état d’urgence, 2014, p. 95).
- Quels sont les enjeux et obstacles politiques sous-jacents à la résolution des ISS, dès lors qu’elles s’enracinent « dans les oppositions de classe, les processus de stratification ou encore de discrimination sociale » (ASF, 2016) ?
Dans la tradition de notre séminaire, nous attendons des démarches réflexives à partir de témoignages d’expériences collaboratives de recherche, d’intervention ou de formation dans le champ des inégalités sociales de santé, y compris d’initiative locale. Nous croiserons les regards sur les différentes formes de collaboration : comment ont-elles évolué, quels problèmes ont-été rencontrés, comment le dialogue s’est-il passé ?
Les interventions se feront idéalement en binômes ou en trinômes, composées d’un chercheur, d’un acteur de santé ou du social ou d’un usager pour susciter les échanges (20 minutes de présentation suivies de 40 minutes de débat accompagné par un modérateur).
Les propositions sont à envoyer par courriel à aac2017@scienceshumaines-sante.org avant le 31 mars 2017 avec le titre de la communication proposée et les noms des intervenants dans le corps du message, le résumé de la communication proposée (1000 mots maximum) en pièce jointe.
Les textes des interventions seront proposés en vue de leur publication dans les actes du séminaire où seront présentées les nouvelles pistes de travail à privilégier (en termes de diffusion de connaissances, des savoirs de collaboration et/ou de pistes de réflexion pour améliorer la lutte contre les inégalités sociales de santé).
Comité scientifique et d’organisation
Dorsafe BOURKIA, Jacques CITTÉE, Fréderic DUGUÉ, Maud JOURDAIN, Virginie LANLO, Mariana LECARPENTIER, Matthieu LUSTMAN, Laurent MARTY, Khadija NAAMOUNI, Geneviève PICOT, Anne VEGA